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Libération

L'Allemagne compte plus d'Allemands. La réforme du code de la nationalité introduit la notion de droit du sol.

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publié le 8 mai 1999 à 0h55

Bonn de notre correspondante.

L'Allemagne a changé, vendredi, sa façon de se définir. Le sang ne sera plus désormais le seul critère essentiel pour être un Allemand, mais sera complété par le droit du sol. Par 365 voix pour (sociaux-démocrates, verts et libéraux), 184 contre (la plupart des chrétiens-démocrates) et 39 abstentions (parmi lesquelles 22 chrétiens-démocrates dissidents), les députés ont adopté un projet de réforme du droit de la nationalité qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2000, après avoir été confirmé par le Bundesrat (Chambre des Länder).

«Production intérieure». Pour un pays qui se fondait encore sur un code de la nationalité datant de 1913, inspiré par le vieux mythe romantique d'une communauté ethnique et culturelle, radicalisé plus tard par les nazis, le changement est considérable. Il mettra fin à une spécificité allemande induite de l'immigration de ces dernières années, la «production intérieure d'étrangers»: près de 100 000 enfants nés chaque année sur le sol allemand sont déclarés étrangers car leurs parents le sont. Le critère décisif de définition de la nationalité allemande était jusqu'à présent le «sang». Nation tardive, l'Allemagne avait écarté le critère du sol de sa définition, ses frontières ne correspondant pas avec les peuplements allemands, étalés jusque très loin en Europe de l'Est.

Accès plus large. La réforme adoptée hier n'abolit pas le droit du sang, mais le complète par une forte prise de «droit du sol». Les enfants de parents