Littleton (Colorado) envoyé spécial
La seconde rentrée des classes de l'année a eu lieu sans problèmes à Columbine. «Au départ, on avait un peu la trouille, mais fallait y aller», dit Holly, 16 ans. Elle sourit bravement sous ses longs cheveux blonds, mais il y a de la tension dans ce sourire. Et beaucoup de tristesse. Même si elle arbore le quasi-uniforme du lycée (jeans et T-shirt blanc qui proclame: «Nous sommes de Columbine»), elle doute que «ce soit jamais comme avant». Avant la tragédie qui a fait de son lycée le plus célèbre des Etats-Unis et qu'elle «n'oubliera jamais». Comme les 2 000 autres élèves, Holly a repris depuis une semaine les cours interrompus le 20 avril, quand deux élèves du lycée, Eric Harris, 18 ans, et Dylan Klebold, 17 ans, équipés d'un arsenal de fusils et de bombes, ont abattu en riant douze de leurs camarades et un de leurs profs, en ont blessé vingt-trois autres, puis se sont suicidés dans la cafétéria du lycée. Les classes ont lieu dans un autre établissement du coin, placé sous haute sécurité. Mais les policiers armés dans les couloirs, les contrôles d'identité à l'entrée, et l'interdiction des longs manteaux et des vêtements noirs ne protègent Columbine ni des fantômes, ni des souvenirs. La parano pèse sur Littleton autant que le chagrin. Et les questions sur le pourquoi de l'attaque restent sans réponse. «Ils étaient sûrement possédés, ce ne peut être que Satan qui les a poussés à faire ça», dit Sarah, 15 ans, parlant d'Eric et de Dylan. Dans