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Libération
Reportage

GUERRE AU KOSOVO : «Se réfugier en Albanie? Jamais!»Les Kosovars réfugiés en Macédoine refusent le transfert vers «le pays de la mafia».

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publié le 12 mai 1999 à 0h58

Stenkovac envoyé spécial

La mine déconfite devant des bus à moitié vides, un officier du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) tente un dernier appel. «Pour Tirana?» Sans conviction. Sur le parc de stationnement à l'entrée du camp, les familles kosovars se pressent vers les navettes à destination de l'aéroport et l'espoir d'un asile en Suisse, en Italie ou en Allemagne. Mais le convoi du HCR qui doit se rendre en Albanie peine à se remplir. Annoncé la semaine dernière comme le premier volet d'un vaste plan d'évacuation visant à soulager la Macédoine, il a été reporté de jour en jour, faute de candidats. Et ils n'étaient que 120 volontaires, hier, à prendre la route vers le pays des Aigles, quand les concepteurs de ce nouveau «corridor humanitaire» en promettaient 6 000 pour dimanche, «éléments précurseurs» d'une vague prévue de 60 000 transférés.

Aide financière. Les ambassades occidentales, américaine et française en tête, n'ont pourtant pas ménagé leurs efforts pour donner corps au projet. Par l'entremise de l'ONU, de pénibles négociations ont été entreprises avec les autorités de Tirana, plus que réticentes à accueillir de nouveaux réfugiés quand les capacités d'hébergement sont déjà saturées. La Macédoine craignant la rupture de son fragile équilibre ethnique si les quelque 200 000 déportés d'origine albanaise poussés par les forces serbes sur son territoire décidaient d'y prendre racine, l'Otan a invoqué l'impératif de «stabilité régionale». Et promis à l'Albanie une aide