Washington, de notre correspondant.

«Nous n'avions jusqu'à présent que les fragments éclatés d'un puzzle. Nous avons commencé à reconstituer le tableau d'ensemble des horreurs», explique Harold Koh, secrétaire d'Etat adjoint aux Droits de l'homme, en présentant le rapport du département d'Etat qu'il a dirigé et qui a pour titre «L'Histoire effacée: la purification ethnique au Kosovo». Présenté lundi à Washington, ce rapport est le document le plus complet à ce jour sur ce que la secrétaire d'Etat Madeleine Albright décrit comme «un schéma terrifiant de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité» au service d'«un programme prémédité, planifié et systématique de purification ethnique». A ce jour, estime le rapport, qui se fonde sur l'accumulation des témoignages de réfugiés recueillis par les agences humanitaires, mais aussi sur les observations aériennes effectuées par les avions et les satellites-espions, «90% des Albanais du Kosovo» (1,5 million de personnes) ont été déportés hors de la province ou chassés de chez eux.

Le rapport n'apporte pas de révélations au regard de ce que les médias ont établi au fil des récits des réfugiés. Il est même jugé «trop prudent» par nombre d'ONG. Il prend soin de préciser que les accusations qu'il contient, bien que «crédibles» en raison de l'accumulation de témoignages concordants, ne reposent que sur des «témoignages» qui n'ont pu, et pour cause, être vérifiés. Il estime à «au moins 4 000» le chiffre des exécutions alors que certains