Une Europe de la défense indépendante des Etats-Unis demeure le voeu
majoritaire des Français, même si cette perspective fait moins recette qu'en 1993, alors que le conflit en Bosnie était à son paroxysme. C'est une des indications majeures du sondage Sofres/Libération (1) que nous publions aujourd'hui. Consacrée aux rapports qu'entretient l'opinion hexagonale avec la guerre, ses moyens et ses buts, l'étude révèle un pessimisme croissant. Depuis 1986, la «probabilité» d'une nouvelle guerre mondiale n'a jamais été tenue pour aussi importante. La Sofres, qui demande régulièrement aux sondés d'évaluer cette probabilité sur une échelle de 0 à 100, trouvait une note moyenne de 32,2% il y a treize ans et de 41,7% aujourd'hui. Le «risque», qui était tombé à son plus bas niveau en 1988, s'est mis à remonter au lendemain de la chute du mur de Berlin et à grimper en flèche après l'effondrement de l'URSS (1991). Comme si le sentiment de nouveaux périls s'imposait. Pour autant, les Français ne sont pas du tout convaincus que le budget de la Défense nationale doive augmenter. Mais ils semblent moins enclins qu'auparavant à «toucher les dividendes de la paix», puisqu'en six ans, le souhait de voir diminuer la part du budget militaire dans le budget de la France tombe de 32 à 24%, la proportion de ceux qui se prononcent pour un statu quo du niveau de dépenses passant de 46 à 59%. Le fait que cette enquête soit réalisée au moment où la France est engagée dans un conflit ne peut évidemment