Bruxelles, de notre correspondant
La Belgique, siège de l'Otan, n'aurait-elle pas d'états d'âme? On cherchera vainement la trace de grands débats entre intellectuels, politiciens ou au sein de la population sur la guerre menée par l'Otan contre la Serbie. Pourtant, le petit royaume participe directement aux frappes (avec 12 F16 qui ont effectué au total 418 sorties, et 800 hommes sur le terrain). Alors, adhésion unanime d'un peuple à une «guerre juste»? Le seul sondage publié jusqu'à présent, qui remonte au 14 avril, montre que 64% des Belges soutenaient les frappes de l'Otan et que seulement 20% les réprouvaient. Mieux, ils étaient 51% en faveur d'une intervention au sol des troupes belges. La seule manifestation antibombardements, organisée il y a trois semaines, n'a réuni que 3 000 personnes" Et la presse belge doit aller chercher des intellectuels étrangers pour obtenir des avis divergents.
Pourtant, explique Helmut Gaus, professeur de sciences politiques à l'université de Gand, cette unanimisme n'est que de façade et est plutôt révélateur d'un «réalisme belge»: «Pourquoi débattre d'une réalité sur laquelle on n'a pas prise? Maintenant que les frappes ont commencé, on les approuve et on attend que ça soit fini. Le Belge n'est pas quelqu'un que l'on peut enrégimenter à coup de slogans.»
Dès le début des frappes, le 25 mars, le quotidien francophone, le Soir, prenait ses distances avec l'opération des Alliés en dénonçant la «diplomatie de la canonnière»: «Les principales vict