Londres de notre correspondant
Pendant plusieurs heures, mardi soir, un site Internet américain a donné la liste de 116 agents présumés du MI 6, le service d'espionnage britannique. Le site, abrité par Geocities, est fermé depuis, à la demande du gouvernement de Tony Blair, mais le mal est fait. Le nom de près d'un tiers des agents actifs de Sa Majesté est désormais dans la nature.
Toute personne intéressée a eu le temps de stocker, copier ou imprimer cette liste, publiée, selon toute vraisemblance, par un ancien du MI 6, Richard Tomlinson. Cet agent, limogé en 1995 dans des conditions troubles, a démenti hier être à l'origine de cette fuite mais, selon le gouvernement et tous les spécialistes de l'espionnage, c'est bien lui qui a choisi «l'option nucléaire», en publiant le nom de ses anciens collègues, notamment en Russie et dans les Balkans. Contrairement aux légendes, les espions conservent en général leur identité et sont, à l'étranger, dûment recensés comme «diplomates» au service de leur ambassade. Cette liste «peut mettre des vies en danger», a reconnu hier l'amiral David Pulvertaft, secrétaire d'Etat à la Défense. Dans la nuit, le MI 6 a allumé des contre-feux, demandant aux journaux de ne pas donner de détails sur la liste ni l'adresse du site, sur la base d'une loi datant de la Première Guerre mondiale et protégeant la sécurité nationale. Mais, même si la liste était, hier matin, inaccessible, il est très facile avec l'Internet de transférer les données sur d'autres