Sous le titre Lettre d'un voyageur au président de la République, l'écrivain Régis Debray a fait paraître dans le journal Le Monde (édition du jeudi 13 mai) un long récit de son périple de dix jours en Yougoslavie (y compris le Kosovo) qui prend la forme d'une interpellation du chef de l'Etat. Un article dont le retentissement a été rapide. Moins du fait de l'acte politique lui-même, l'Elysée ne tenant pas à commenter cet article et renvoyant «sur le fond» à ce qu'a dit Jacques Chirac hier à Moscou sur le sujet, mais en raison de l'écho qui lui en a été donné par les grands médias audiovisuels.
Intellectuel jadis engagé auprès de Che Guevara, écrivain au talent reconnu devenu conseiller de François Mitterrand avant d'accompagner Jean-Pierre Chevènement dans sa dissidence «républicaine», Régis Debray a entrepris aussi un travail universitaire de recherche et d'analyse sur les médias, et il se présente volontiers comme «médiologue».
Or, Régis Debray, en écrivant ce récit, semble vouloir faire la critique à peine voilée de la manière dont les médias informent sur le conflit en cours. Son propos n'est-il pas d'éclairer le président de la République directement pour qu'il change de politique à l'égard de Milosevic et de la Serbie qui feraient l'objet d'une diabolisation et d'une désinformation?
Nous avons donc repris le texte de Régis Debray, dans le détail de ses observations et assertions, pour en faire à notre tour la critique et y déceler la part de ce qui nous semblait juste ou