Fallait-il répondre à Régis Debray? Une fois dissipée la stupéfaction engendrée par la fausse ambivalence de sa Lettre d'un voyageur au président de la République, mercredi, nous nous sommes posé la question. Le soir venu, la réponse s'imposait en même temps qu'apparaissait Régis Debray à LCI, à TF1, qu'il était annoncé pour jeudi à Europe 1 et pour lundi prochain sur six pages de Marianne: nous n'étions pas en présence de l'écrit provocateur d'un «écrivain et philosophe» cultivant la solitude en même temps que la nostalgie, mais nous avions à faire à la charge d'un chevau-léger, elle-même annonciatrice d'une bien plus vaste offensive visant à persuader le maximum de Français que l'immense majorité des médias leur ment et les intoxique en dégurgitant sans vérification et sans conscience la pensée unique des dirigeants.
La méthode Debray est aussi vieille que le premier voyage en URSS du premier idolâtre du petit père des peuples: c'est un modeste «voyageur» qui vous parle, pas un militant, pas un journaliste non plus, Dieu merci, mais un voyageur sans bagage et sans préjugé, qui est allé enquêter en toute liberté sur le terrain et qui, lui, «s'en tient donc aux faits» et ignore les récits de seconde main. Des «faits» qui ont bien sûr été cachés par la quasi-totalité de la presse occidentale à ses lecteurs et dont il ressort que jamais 900000 Kosovars n'ont été expulsés de chez eux manu militari même si Debray parle du «scandale ignominieux de cet exode» mais qu'ils auraie