Ramlé envoyé spécial
D'une salle à l'autre, la langue et la culture changent, pas l'orateur. Benyamin Netanyahou ne mélange pas ses partisans. Il préfère les rencontrer séparément. Cela lui permet d'adapter son propos à chacun et de flatter ses origines. «Quelle communauté magnifique! Vous symbolisez la fidélité à l'Etat d'Israël», lance-t-il aux juifs de la corne de l'Afrique, ceux que leurs anciens concitoyens appelaient péjorativement les Falacha, les «exilés». Une demi-heure plus tôt, à l'autre bout du centre de conférences, il expliquait à des nouveaux immigrants de Géorgie: «Vous êtes formidables. Je sais combien je peux vous faire confiance!»
Suivre Benyamin Netanyahou en campagne, c'est faire l'inventaire des minorités qui forment aujourd'hui Israël. A chaque fois, il faut quelqu'un pour traduire ses interventions en amharique, en russe, en français ou en tout autre idiome qui a cours dans l'assistance. Le Premier ministre visite ce jour-là Ramlé, une ville du coeur du pays où cohabitent sans trop se voir Arabes, séfarades (juifs orientaux), Caucasiens, Russes et Ethiopiens. Ses affiches recouvrent les façades d'immeubles mal assortis. Vieilles villas ottomanes en état de semi-abandon, habitat collectif grisâtre et déjà fatigué, hangars rouillés et tours de verre.
Dans cette mosaïque humaine et architecturale, le candidat Netanyahou se sent visiblement à l'aise. Il se présente comme le roi des «exclus», le leader de tous ceux qui vivent à la périphérie d'Israël et rega