Dili envoyée spéciale
Pas un policier, pas un soldat ne vient se mettre en travers de leur route. En fin de matinée, à deux pas du palais du gouverneur, devant un poste militaire, les miliciens s'attroupent. Ils reçoivent les dernières instructions puis se répandent dans les rues, le doigt sur la gâchette. Pendant plusieurs heures, ils vont piller, brûler, tuer. Ils avaient convergé en camions dès la soirée de dimanche dernier depuis les villages vers Dili. Plusieurs centaines de miliciens, portant le bandeau rouge et blanc aux couleurs de l'Indonésie, armés de fusils et de machettes. Ils sont revenus tuer les responsables de la résistance qui avaient échappé à leur première attaque le 18 avril. Ils ciblent les quartiers réputés favorables à l'indépendance.
Au moins cinq morts. Ce lundi, la capitale du Timor oriental se réveille dans l'appréhension. La rumeur d'une attaque imminente s'est répandue comme une traînée de poudre. Les rues se vident. Les étudiants replient banderoles et drapeaux de la guérilla indépendantiste. Les quartiers de Bemori, de Becora, de Quintalkiik et de Santa Cruz sont pris d'assaut. Il faudra attendre plusieurs heures avant que des détachements de police spéciale se déploient. Ils viennent, disent-ils, protéger la population, mais il est un peu tard. Les milices sont reparties, laissant derrière elles des maisons dévastées, des corps ensanglantés. Partout flotte le drapeau rouge et blanc. «Notre coeur n'a pas changé, nous voulons l'indépendance, murm