Moscou de notre correspondant
Boris Eltsine ne sera pas destitué. Samedi en fin d'après-midi, il a échappé à un attentat parlementaire visant son image, sa personne et son destin. Devant une Douma (Chambre basse du Parlement) qui n'affichait pas complet, aucun des cinq chefs d'accusation n'a obtenu les 300 voix nécessaires (lire ci-contre). En cas de vote positif portant sur un seul des cinq points, le long processus juridique de l'impeachment (destitution en russo-américain) aurait été entamé. Il avait peu de chances d'aboutir, mais le poids symbolique d'un tel désaveu aurait été fort, et patente l'humiliation de l'orgueilleux président russe. Il n'en est rien. Mieux, par ce jeu de l'impeachment empêché, le dard de l'humiliation se retourne contre celui qui, depuis un an, en avait préparé le poison: le Parti communiste de Guennadi Zougianov. Et alors que la popularité du président Eltsine est au plus bas et son état de santé pour le moins chaotique, c'est lui qui sort vainqueur de ce combat. Non, ni le déclenchement de la guerre en Tchétchénie, ni la ruine de l'armée et de l'appareil militaro-industriel, ni l'assaut contre le Parlement insurgé en 1993, ni la dislocation de l'URSS, ni le «génocide» moral et physique (baisse de la natalité) du peuple russe ne vaudront à Eltsine une condamnation légale.
«Mal absolu». Les trois jours de débats qui ont précédé le vote ont offert un bien médiocre spectacle, où l'invective prenait le plus souvent le pas sur l'analyse. Zougianov, l