Londres de notre correspondant
Il n'est pas facile d'être neutre lorsque la guerre est en Europe. Dans ce pays passionnément attaché aux valeurs européennes mais en dehors de l'Otan, le conflit des Balkans s'est avéré une affaire embarrassante. Partagé entre son indignation devant les exactions serbes et son rejet des opérations militaires menées par les grandes puissances, Dublin a choisi de ne pas choisir. «Nous sommes entre le marteau et l'enclume», avait reconnu franchement au début du conflit le ministre des Affaires étrangères irlandais, David Andrews. «Mais comment peut-on être neutre face à la tyrannie?», avait demandé Des 0'Malley, leader des Démocrates progressifs, un petit parti membre de la coalition gouvernementale. «Le Kosovo nous a obligés à réfléchir à notre neutralité», explique ainsi Paul Gillespie, chroniqueur diplomatique de l'Irish Times.
Cette ambivalence des gouvernants se retrouve dans la population. Selon un sondage publié vendredi par l'Irish Times, les Irlandais sont nettement déphasés par rapport aux opinions publiques continentales. 46% de la population soutient ainsi l'opération de l'Otan, 42% s'y opposent et 12% disent ne pas avoir d'opinion. Dans une analyse de ce sondage, le professeur de sciences politiques, Richard Sinnot, note «le caractère atypique» de son pays. «Seule la Suède neutre enregistre des résultats similaires, alors que dans les autres pays d'Europe une claire majorité se dessine pour soutenir l'opération de l'Otan», souligne le