Après la Grèce, mais pour des raisons très différentes, le Portugal
est le pays de l'Union européenne le plus hostile à l'intervention au Kosovo. Dans les sondages, près de 60% des Portugais se prononcent contre les frappes et désapprouvent la participation de leur armée à cette guerre. Chiffres étonnants pour qui en serait resté à la posture atlantiste que cultivait il n'y a pas si longtemps ce membre fondateur de l'Otan. Moins surprenants quand on sait les positions très critiques, prises depuis le début du conflit, par deux des «institutions» les plus respectées du pays: l'Eglise catholique et Mario Soares. Tourné vers l'Afrique et le grand large océanique, le Portugal se sent bien loin des Balkans. Qui plus est lorsque s'embrasent plusieurs de ses ex-colonies: ces jours-ci, les violences au Timor oriental et le coup d'Etat en Guinée-Bissau n'ont pas eu de mal à évincer le Kosovo de la une des journaux.
«Précédent dangereux». Dès le lendemain de l'attaque lancée contre Belgrade par les avions de l'Otan, l'ancien président de la République Mario Soares a pris la plume pour s'inquiéter du «précédent très dangereux» que constitue selon lui l'absence de mandat des Nations unies. Dans une tribune, la tête de liste des socialistes aux prochaines élections européennes accusait les Européens d'avoir «suivi les Etats-Unis avec une docilité excessive», au risque de voir «la guerre ["] s'installer au coeur de l'Europe pour y rester». Toujours aux nues dans les sondages de popularité,