Jérusalem de notre correspondant
La religion est devenue la meilleure clé pour entrer à la Knesset. Tous ceux qui, au choix, s'en réclament ou s'en défient viennent de sortir vainqueurs des législatives. Face aux députés ultra-orthodoxes, se dressent dorénavant des anticléricaux farouches emmenés par un ancien journaliste, Yossi Lapid. A l'issue d'une campagne dominée par la place du judaïsme dans la société israélienne, les deux camps ont chacun renforcé leur position. Leur lutte ne fait que commencer.
Le Shas crie victoire. Il y a deux mois, la justice avait condamné son leader Arieh Deri à quatre ans de prison et 400000 F d'amende pour corruption. Aujourd'hui, il s'impose comme l'un des plus grands partis. Il mène son combat au nom du Très Haut, mais se veut aussi le représentant des séfarades qui se sentent toujours mal aimés en Israël. Sur cette double base, il a obtenu 17 élus contre 10 dans l'assemblée sortante. A deux sièges près, il détrônait le Likoud. Il chasse d'ailleurs sur les mêmes terres. Les séfarades, qui, en 1977, avaient basculé à droite et permis la victoire de Begin, le rejoignent aujourd'hui en masse. Ils sont séduits par son message social et identitaire. «J'accuse». «Si Arieh Deri avait été condamné à dix ans de prison, ils auraient eu 20 sièges», ironisait lundi Yossi Lapid. Le Shas a en effet axé toute sa campagne sur l'innocence de son chef et dénonce un complot d'une justice ashkénaze et laïque. Une cassette distribuée à des dizaines de milliers