Quelle que soit l'issue du conflit au Kosovo, l'Otan a déjà obtenu quatre victoires essentielles. La première: elle a relégitimé l'ONU. Sortie gravement affectée de la crise bosniaque, l'ONU était critiquée de toutes parts, au point d'en oublier qu'elle est la seule institution à même de fonder une véritable légitimité internationale. Prompts à se passer d'elle, les Américains ont été peu à peu contraints d'en revenir à ses principes (la notion de «menace pour la paix»), puis de remettre dans le jeu ses organes politiques (Conseil de sécurité et secrétaire général). Finalement, conforme à l'esprit de Wilson et de Roosevelt, Clinton en prétendant se libérer de l'ONU est le troisième président démocrate américain à avoir fait progresser de façon décisive la notion de démocratie internationale et de sécurité collective. On ne pouvait rendre de meilleur service au «machin» que de lui opposer le «bidule» otanesque, plus violent qu'efficace et surtout aveugle et sourd, aussi impossible à arrêter qu'un missile une fois lancé (et guère plus précis).
Elle a confirmé l'implication des Etats-Unis en Europe. Le complexe de l'abandon hante les Européens depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et si les Américains ne voulaient plus voler à notre secours? Cette crainte latente a été spectaculairement démentie par l'empressement des Etats-Unis à faire respecter les droits de l'homme dans les Balkans. Certains sont évidemment allés jusqu'à s'en plaindre, tant nos sentiments sur ce po