Les sondages ont eu tout faux au Guatemala, où le «non» l'a emporté
au référendum de dimanche avec environ les deux tiers des suffrages, alors que le «oui», selon leurs prédictions, devait s'imposer avec une marge de 55% à 60%. Selon les résultats officiels, 50,6% des électeurs guatémaltèques se sont prononcés contre les réformes constitutionnelles qui devaient permettre de reconnaître l'identité et les droits de la majorité indienne (6,3 millions des 11 millions d'habitants). Le scrutin a été marqué par une abstention de 81,4%. Cette sanction populaire constitue une véritable déroute pour le gouvernement et pour la quasi-totalité des grands partis, unanimes à préconiser un vote positif. Le «non» plonge le pays dans la plus grande confusion politique à six mois des élections générales, le référendum prévoyant un nouveau mode de scrutin. Il apporte aussi un désaveu aussi cinglant qu'inattendu aux accords de paix conclus il y a trois ans entre le pouvoir et la guérilla, au terme d'une guerre longue de trente-six ans qui avait fait 200 000 victimes civiles. La réforme constitutionnelle soumise à ratification était en effet présentée comme le couronnement de ce processus de paix. Selon un diplomate, son rejet, qu'il qualifie de «très triste», traduit «l'autisme collectif de populations enfermées dans leur ghetto culturel et social», qui étaient concernées au premier chef. Le projet reconnaissait en effet solennellement l'identité et les coutumes des communautés indiennes (près