Jérusalem de notre correspondant
«Nous devons quitter le Liban dès maintenant!» Ce cri de détresse n'émane pas d'un groupe de pacifistes, mais des chefs des deux principales unités d'infanterie déployées sur le dernier front d'Israël. «Dans les circonstances actuelles, nous ne pouvons pas remplir notre mission», auraient déclaré dimanche, selon la radio nationale, les commandants des Golani et des Givati au chef d'état-major Shaul Mofaz. Le porte-parole de Tsahal, Oded Ben-Ami, n'a pas voulu confirmer leurs propos mais a reconnu que plusieurs officiers supérieurs sont favorables à un retrait du Sud Liban. L'unanimité de façade que l'armée s'efforçait de préserver a volé en éclats. Lors du meeting qui réunissait dimanche à la frontière nord Shaul Mofaz et ses généraux, la plupart des intervenants auraient ouvertement critiqué la poursuite d'une guerre sans issue, selon plusieurs sources. Ils auraient plaidé pour un départ immédiat. Le choc est grand. Jusqu'à présent, l'armée parlait d'une seule voix, y compris devant le cabinet israélien. «Tsahal a eu tort de ne pas laisser s'exprimer des opinions contraires, s'est écrié Moshé Katzav, le ministre du Tourisme sortant. Selon moi, il était possible de se redéployer le long de la frontière internationale.» Il a préféré garder le silence devant ce mur de certitudes. Yitzhak Mordechaï, alors ministre de la Défense, répétait que l'armée s'opposait en bloc à une telle option. Le député travailliste Yossi Beilin était l'un des rares à