Caxito, envoyé spécial.
A côté d'une usine dont il ne reste que la carcasse rouillée, une ancienne plantation de canne à sucre sert de site d'accueil aux «déplacés». Au moment de la distribution de l'aide alimentaire qui vient d'être déchargée, la débandade générale est provoquée par un soldat s'écriant, une grenade à la main: «Reculez, sinon je la dégoupille!» Femmes et enfants se carapatent tous azimuts dans un tourbillon de poussière. Finalement, l'homme en uniforme se calme, raccroche l'arme au ceinturon et s'en va, non sans injurier «ces Blancs qui nourrissent l'ennemi qui est en train de nous infiltrer». Les membres des organismes humanitaires allemand, espagnol et italien, qui s'occupent du camp, reprennent leur travail comme si rien ne s'était passé.
Ultime étape. A Caxito, à 60 km au nord-est de la capitale angolaise, quel-que 20 000 déplacés attendent de franchir l'ultime étape. En décembre dernier, quand les hostilités ont pleinement repris entre le pouvoir central et les rebelles de l'Union pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), ils ont dû quitter la province du Cuanza Nord, à une centaine de kilomètres d'ici. Vidant cette zone de combat, qui est depuis passée sous le contrôle de l'Unita, ils ont marché vers le littoral comme des centaines de milliers d'autres Angolais fuyant «l'intérieur», de ville en ville, au cours d'un exode rampant. Pour tous, Luanda est leur destination finale. Or, la capitale abrite déjà 3 millions d'habitants, un quart de la popu