Moscou, de notre correspondant.
«Je ne suis pas le général Pinochet, mon nom est Stépachine.» En se présentant ainsi devant les députés de la Douma le jour de son investiture, le nouveau Premier ministre russe voulait corriger son image par trop marquée par les services secrets et le FSB (ex-KGB), où il a fait l'essentiel de sa carrière avant d'être ministre de l'Intérieur du gouvernement Primakov. Mais on ne peut pas ne pas lire aussi dans cette phrase le cri, vaguement pathétique, d'un homme en manque d'identité forte, plus connu pour être un fidèle du président Eltsine qu'une créature en soi et d'ailleurs affublé du sobriquet de «Pompier» (lire ci-contre).
Corps et âme. Il y a quelque chose de touchant dans sa façon, récemment encore, d'affirmer qu'il ne «trahira jamais le Président», qu'il le servira corps et âme. Comme si sa place était même à la tête du gouvernement de rester ce qu'il a toujours été: un homme de l'ombre, pas dans le genre éminence grise, mais plutôt dans celui des seconds couteaux. Alors que la Constitution russe oblige à mettre en place un gouvernement dans la semaine qui suit l'investiture du Premier ministre, c'est-à-dire avant mercredi, on se rend compte aujourd'hui combien la composition de la prochaine équipe n'est guère «signée» de la patte de Sergueï Stépachine.
D'abord, comme annoncé, le président Eltsine a reconduit, vendredi, les principaux ministres qui relèvent de son domaine réservé (Affaires étrangères, Défense, Justice, Intérieur). Com