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Le sottisier de Stépachine

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publié le 24 mai 1999 à 1h09

Le nouveau Premier ministre russe Sergueï Stépachine, dit le

Pompier, a déjà une oeuvre abondante derrière lui, faite de thèses incompréhensibles et de discours tortueux où il fait preuve d'une remarquable faculté, très soviétique, à concocter des phrases complexes qui ne veulent rien dire. Il a également un goût très prononcé, très soviétique aussi, pour la tautologie.

Jeune étudiant, le futur Premier ministre notait dans sa thèse de «candidat» au titre de docteur ès sciences, consacrée au brûlant sujet du «service des pompiers à Leningrad pendant le blocus» (d'où son sobriquet), cette phrase définitive: «La création du service des pompiers soviétiques est liée inséparablement à la victoire de la grande révolution socialiste d'Octobre et à la formation du premier Etat socialiste du monde.» Plus tard, il plancha sur «les aspects théoriques et juridiques de l'assurance de la sécurité dans la Fédération de Russie», ce qui nous vaut ce constat abyssal: «Les procès qui se passent dans une sphère peuvent influencer sur les autres de façon positive ou négative.» Ou cette réplique à la Platon: «On ne peut pas complètement accepter les arguments proposés, de même qu'on ne peut pas rejeter tous ceux dont on parle dans ce cas concret.» Ou encore ce grand prix de l'abscons, à faire vaciller la Bourse de Moscou: «L'introduction non contrôlée de capitaux étrangers peut provoquer le fait que les organes du pouvoir d'Etat vont prendre la direction de l'économie et l'Etat va disparaître écono