«Libération» entame aujourd'hui une série de cinq reportages sur l'Afrique du Sud à la veille des élections, présidentielle et provinciale, du 2 juin.
Ce jour-là, Victor Titus, le «manager» n'est pas content: les visiteurs sont arrivés à l'improviste. Un car entier rempli par un tour-opérateur de la région, venu montrer ce «fameux vignoble dont on parle tant». «Ils savent bien pourtant que les dégustations de vin se font uniquement sur rendez-vous», marmonne Titus, tout en laissant entrer ces hôtes imprévus. Rançon inévitable du succès, depuis deux ans Nelson's Creek n'est plus seulement un label viticole parmi d'autres. Délégations officielles, touristes ou groupes professionnels, les visiteurs se bousculent sous le grand portail blanc de la propriété. «Les gens viennent nous voir du monde entier», souligne Titus, plutôt fier, en exhibant les cartes de visite d'un diplomate tchèque et d'un parlementaire des Bahamas.
Le vignoble de Nelson's Creek entre dans la légende en 1997. Le jour où son propriétaire, Alan Nelson, décide de céder gratuitement neuf hectares de terres à ses ouvriers agricoles. Du jamais vu en Afrique du Sud et le début d'une véritable épopée. Les premiers viticulteurs «non blancs» du pays baptisent leur cru Klein Begin («Un petit début» en afrikaans, la langue la plus parlée dans la région du Boland). Au coeur du pays viticole sud-africain, le geste fait sensation. Et aussi parfois scandale. Le dimanche à l'église, dit-on, certaines familles refusent désorm