Helshan, envoyé spécial.
Un peloton de jeunes recrues monte à l'assaut d'une casemate serbe imaginaire. Posé en haut d'un champ, l'un des milliers de bunkers albanais figure, de façon assez réaliste, une place forte de l'ennemi, en lisière de la forêt. La prestation des soldats de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) est laborieuse. Déguisés en salades, leur filet de camouflage surchargé par les branchages, les futurs combattants peinent à escalader la pente. La coordination laisse à désirer. Dans quelques jours, ces apprentis fantassins seront envoyés renforcer un front flageolant, martelé sans répit par les batteries yougoslaves. Par vagues entières, sans la moindre expérience militaire. Armés, souvent, de leur seule volonté et ils en ont à revendre.
Deux semaines pour faire un soldat Les classes d'un soldat de l'UCK durent en moyenne deux semaines, simple ébauche de formation pour des volontaires arrivés dans les camps d'entraînement du nord de l'Albanie.
«C'est de la chair à canon, confesse un officier supérieur. Il faudrait un bon mois de mise à niveau pour qu'un jeune en bonne condition physique, ayant terminé récemment son service, assimile les bases tactiques de la guérilla. Dans les maquis, ces gars-là ne tiendraient pas 48 heures.» Jugement expert d'un homme «de l'intérieur». Blessé au combat, ce chef de bataillon a boité cinq jours jusqu'à la frontière, subi une opération dans une clinique clandestine, pour rejoindre en claudiquant, tremblant de fièvre et la plaie