Menu
Libération

GUERRE AU KOSOVO. LES PAYS VOISINS FACE AU CONFLIT. Le déchirement roumain. Le pays est tiraillé entre ses amitiés serbes et sa candidature à l'UE et à l'Otan.

Article réservé aux abonnés
publié le 27 mai 1999 à 1h12

Bucarest, envoyé spécial.

L'attente peut durer des heures. La file de voitures s'étire parfois sur plus d'un kilomètre, avant d'arriver au poste de douane serbe, de l'autre

côté du grand barrage sur le Danube construit aux Portes de Fer, là où le cours du fleuve qui traverse les Carpates se resserre une dernière fois. Les réservoirs des vieilles Dacia sont pleins à ras bord, et la police des frontières de Turnu Severin ferme les yeux, mais saisit tout jerrican supplémentaire: elle applique l'embargo pétrolier contre Belgrade. Les plus patients des passeurs réussissent parfois à faire jusqu'à deux ou trois voyages par jour, gagnant une cinquantaine de francs chaque fois, grâce à la différence de prix de l'essence, revendue de l'autre côté de la frontière. Entre les populations des deux rives, les liens sont étroits. «Ce sont nos voisins depuis des siècles. A l'époque de Ceausescu, ils vendaient les marchandises qui manquaient en Roumanie; maintenant, c'est le contraire», explique l'une de ces «fourmis» de la contrebande d'essence, qui, comme bien des habitants de la région, vivote de ce trafic volontiers présenté comme un acte de «solidarité».

Objectif: entrer dans l'Otan. En Roumanie, il n'y a pas de cibles accrochées aux boutonnières des opposants aux frappes comme en Grèce ou en Bulgarie, où les adversaires de la guerre arborent le symbole brandi comme un défi par les Belgradois. Les manifestations contre la guerre sont exceptionnelles, sauf à Timisoara, la grande ville de l