Slobodan Milosevic a été inculpé hier soir pour crimes de guerre par
le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Un mandat d'arrêt a été délivré contre le président yougoslave. La rumeur courait avec insistance depuis vingt-quatre heures. Le procureur du tribunal de La Haye, la Canadienne Louise Arbour, a annoncé une conférence de presse pour aujourd'hui, en début d'après-midi. Slobodan Milosevic serait considéré comme responsable, en tant que président de la Yougoslavie (Serbie et Monténégro) et chef des armées, de la déportation de centaines de milliers d'Albanais du Kosovo depuis deux mois, ainsi que des exactions commises par les forces serbes. Une telle inculpation, même si elle ne concerne que des délits limités, signifie un tournant dans l'attitude de la communauté internationale qui, jusqu'ici, continuait à considérer Slobodan Milosevic comme un interlocuteur pour un accord négocié. Dans les discussions en cours avec les Russes pour trouver une issue diplomatique à la crise, la question d'une impunité du chef d'Etat yougoslave a été posée. Une telle initiative du procureur du Tribunal pénal international, qui dispose d'une totale indépendance pour lancer des poursuites, y compris contre des chefs d'Etat en exercice, pour tous les crimes commis dans l'ex-Yougoslavie depuis 1991, empêche de tels compromis. Louise Arbour avait toujours répété qu'une inculpation ne pouvait se faire que «sur la base de preuves» et pour «des responsabilités personnelles». Une