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Shopping sécuritaire à Johannesburg

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LA FIN DES ANNEES MANDELA (4). Les centres commerciaux sont des forteresses où se mêlent Blancs et Noirs nouveaux riches.
publié le 28 mai 1999 à 1h13
(mis à jour le 28 mai 1999 à 1h13)

Elle achève son troisième capuccino, et la tarte aux pommes nappée de glace à la vanille a été suivie d'une génoise copieusement lestée de pâte d'amandes. Dans le cendrier, les mégots barbouillés de rouge à lèvres ne se comptent plus. «Mais oui, j'ai passé un très bon après-midi», confirme Liesl Marten, un peu surprise que l'évidence nécessite d'être énoncée. En deux heures et trois tours de cuillère, elle a fait «le plein de ragots» avec Marianne, sa «meilleure copine», qui vient de quitter Bourbon Street. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, ce café n'a pas pignon sur rue. Il se situe au deuxième niveau d'un centre commercial, où des tables en plastique ont été disposées entre une parfumerie qui sent fort et une banque dont les distributeurs d'argent sont assaillis.

Insécurité. Dehors, il fait beau. «Mais on ne peut pas se promener dans la rue!» s'écrie Liesl, une Afrikaner blonde et pâle comme devaient l'être ses ancêtres en arrivant de Hollande, il y a trois siècles. L'inconscience lui fait pitié. «Le taux de criminalité en Afrique du Sud est huit fois plus élevé qu'aux Etats-Unis, récite-t-elle. Un meurtre, un viol ou une attaque à main armée sont commis toutes les" je ne sais plus combien de secondes.» Elle sourit et pivote, bras écartés. «Mais on peut tout faire ici.» Sur ce, elle ramasse ses divers sacs au pied de la table et fonce au cinéma. «Je ne sais pas encore ce que je vais voir, mais il y a dix films programmés, et je vais