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L'opposition relève la tête

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LA FIN DES ANNEES MANDELA (5). Face à la victoire assurée de l'ANC, deux partis tentent de faire contrepoids.
publié le 29 mai 1999 à 1h00
(mis à jour le 29 mai 1999 à 1h00)

L'orateur a du mal à dissimuler son plaisir: «D'après la presse américaine, nous sommes la seule vraie surprise de ces élections», jubile-t-il en brandissant une coupure de presse du New York Times. «Et notre succès inquiète. La preuve, tout le monde est soudain contre nous. Les autres partis d'opposition et l'ANC au pouvoir, tous nous tirent dessus. Eh bien, qu'ils tirent! Et nous aussi, à notre tour, nous allons rendre les coups», martèle Tony Leon sous les applaudissements de l'assistance. Des effluves légers de parfum sophistiqué flottent dans la salle. Les femmes ont des bijoux discrets, les hommes aiment le sportswear chic. Le public est aux anges. Ce soir-là, dans la salle d'école d'un quartier résidentiel du Cap, c'est le président du parti lui-même qui est venu motiver les militants avant les élections générales du 2 juin. Or, Tony Leon est un orateur hors pair. Son slogan électoral? «Fight back»: «rendre les coups» ou «résister». Une formule un peu ambiguë, mais susceptible de rassembler tous les inquiets et les déçus de la nouvelle Afrique du Sud post-apartheid. A en croire la composition de la salle, ceux-ci se recrutent essentiellement au sein de la minorité blanche.

Sous l'impulsion de Tony Leon, un avocat de 43 ans énergique et incisif, le Parti démocrate a subi un véritable électrochoc. Le parti des «libéraux», autrefois si marginal, brigue désormais, non pas le pouvoir, mais au moins cette seconde place si convoitée, celle de l'opposition officielle à l'ANC