A la veille de son arrivée au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika avait
cité Talleyrand pour répondre à une question concernant ses premières mesures. «Ne rien faire, avait-il dit. J'observerai d'abord.» Si le nouveau chef de l'Etat a finalement rompu samedi soir le silence qu'il observait depuis son investiture, il y a plus d'un mois, il ne paraît toujours pas sorti de sa phase d'observation. En dépit d'un discours télévisé fleuve près de deux heures dans un arabe châtié , il n'aura annoncé aucune mesure concrète susceptible de répondre aux problèmes des Algériens. Seule exception: il a confirmé que des «dispositions» seraient arrêtées très vite pour régulariser la situation de près de 800 000 Algériens à l'égard du service national, mais que les insoumis et les sursitaires en seraient exclus. «Un constat, peu de mesures», résumait le quotidien francophone El Watan en se référant aux «inutiles généralités» qui ont constitué l'essentiel de son intervention.
Comme il l'avait fait au cours de sa campagne électorale, Abdelaziz Bouteflika a dressé un bilan sombre et sévère de la situation. Tout y est passé: «l'Etat malade de ses institutions», «l'administration malade de ses pratiques de passe-droits et de clientélisme», la «corruption», la nécessité «d'adapter l'Algérie à l'environnement économique mondial» et de passer de «l'économie de la rente et du bazar» à celle du marché. Et, à l'instar de ses prédécesseurs, il s'est engagé à combattre «fermement» ces pratiques et à réformer