Menu
Libération
Reportage

ELECTIONS EUROPEENNES. Les racines du «mal belge»Aux Fourons, la campagne électorale creuse encore le fossé entre séparatistes flamands et régionalistes wallons.

Article réservé aux abonnés
publié le 31 mai 1999 à 1h14

Les Fourons envoyé spécial

Sur le bord de la route, appuyé contre sa fourche, le vieux monsieur hausse les épaules. Toute sa vie, Henri Ottens l'a passée à Remersdaal, un petit village de la commune des Fourons, tout à l'est de la Belgique, et pourtant, dit-il, «rien n'a changé ou presque». «L'autre jour, j'ai demandé à ce que l'on vienne mettre un panneau a côté de ma maison pour signifier qu'on était sur la rue Smidt. Mais, évidemment, cela n'a pas plu aux francophones. Alors, au beau milieu de la nuit, ils sont venus arracher la pancarte et ils l'ont jetée dans un champ un peu plus loin. Les néerlandophones et les francophones se parlent à peine, on se regarde en chien de faïence. Et je ne suis pas sûr que les élections vont changer quoi que ce soit, européennes ou pas. Je vois mal comment l'Europe va s'intéresser aux querelles des gens du coin .»

Depuis plus de trente ans, depuis ce fameux jour de 1963 qui a vu la Belgique coupée en deux par une frontière linguistique (le nord flamand et néerlandophone, le sud wallon et francophone), aucun bourg mieux que les Fourons ne symbolise ce que l'on appelle toujours ici le «mal belge», cette fracture communautaire qui ne cesse de tarauder le plat pays. Ce jour-là, sur vote d'un parlement majoritairement flamand, les Fourons et ses six villages à majorité francophone ont soudain quitté la Wallonie pour être rattachés à la Flandre. Déclenchant affrontements et manifestations jusqu'au milieu des années 80.

Et aujourd'hui, le «mal bel