Mudanya envoyé spécial
L'île-prison d'Imrali va être le théâtre du «procès du siècle» d'une Turquie qui avant même le début des audiences aujourd'hui a déjà condamné à mort son ennemi public numéro 1, Abdullah Öcalan, le leader des rebelles kurdes turcs du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). Le dirigeant kurde est le seul détenu de ce petit bout de terre dans la mer de Marmara, à 50 km au sud d'Istanbul, surveillé en permanence par 4 frégates et des va-et-vient d'hélicoptères. La petite station balnéaire de Mudanya, d'où une vedette militaire rallie Imrali, est sévèrement contrôlée par des renforts de police qui inspectent les entrées de la ville, les arrivées de ferry et patrouillent dans les rues pour éviter tout risque d'attentat. La communauté kurde, désignée par la vindicte populaire comme «ennemie de l'unité de la nation», ne cache pas son amertume. «Ce n'est pas seulement Apo et le PKK qui sont jugés, mais tous les Kurdes qui se battent simplement pour défendre leur langue et leur culture», raconte Yakup, qui milite dans une petite association et se défend de toute sympathie pour le séparatisme. «Il n'y a qu'à voir comment ils ont arrêté des milliers de membres du Parti de la démocratie du peuple (Hadep); le parti est depuis des mois sous le coup d'une procédure en interdiction, ses dirigeants sont en prison et nul ne doute que l'issue sera la même que pour les trois précédents partis prokurdes.»
La majorité de la population, en effet, a déjà rendu son verdict: l