Luxembourg, envoyée spéciale.
Paisible Luxembourg. Que peut-il bien arriver au grand-duché? Une situation économique de rêve, une sérénité européenne à toute épreuve, une société consensuelle, un constat partagé jusque dans les rangs de l'opposition: «Le Luxembourg se porte très bien.» Riche et prospère. A ce prix-là, on ne débat plus, en tout cas pas des enjeux européens. «On a toujours été pro-européens. C'est une forme d'eurofatalisme, le sentiment profondément ancré qu'il n'y a pas d'autre voie possible pour le grand-duché», résume pour tout le monde Félix Braz, secrétaire du comité exécutif du Parti vert, Die Greng.
L'exception. Européen, le Luxembourg ne l'est-il pas jusque dans sa population? 37% des résidents sont des étrangers, pour l'essentiel des ressortissants communautaires, Portugais pour la plupart. 58% de la population active est de nationalité non luxembourgeoise, travailleurs frontaliers compris. L'ensemble de la communauté nationale célèbre l'exception grand-ducale, faite de tolérance et d'accueil, où aucune liste d'extrême droite ne vient perturber le scrutin européen, à la différence de ses voisins immédiats, belges, français ou allemands. Ce pays-là sait remercier ceux qui, depuis quatre décennies, ont consolidé sa puissance industrielle et financière: «Le message politique dominant, c'est que le Luxembourg est ce qu'il est grâce aux étrangers», reconnaît Eduardo Dias, secrétaire du département immigrés de l'OGB-L (Confédération syndicale indépendante du