Johannesburg, envoyé spécial.
Le caricaturiste du Sunday Times sud-africain a résumé en quelques traits l'enjeu des secondes élections libres et multiraciales dans l'ex-pays de l'apartheid: devant Union Building, la présidence à Pretoria, deux déménageurs se croisent. L'un, sortant, chargé du prix Nobel de la paix, d'un certificat de prisonnier politique et de héros de lutte et d'une chemise bariolée. L'autre, arrivant, poussant un chariot où s'empile l'attirail de tout chef d'Etat moderne, de l'ordinateur au kit anticorruption en passant par un balai neuf et un costume trois-pièces. Changement de garde dans la nouvelle Afrique du Sud: le président-icône Nelson Mandela cède la place au président-manager Thabo Mbeki.
Avant, cependant, le successeur désigné de Nelson Mandela doit gagner les élections d'aujourd'hui. Un peu plus de 18 millions de Sud-Africains inscrits sur les listes électorales, appelés à voter dans 16 450 bureaux de vote, renouvelleront non seulement leur Président, mais aussi les 400 députés de leur Assemblée nationale et les Parlements des neuf provinces. A en croire les sondages, Thabo Mbeki n'aura pas de difficulté à égaler le score de l'ANC en 1994, 62,6%, voire à l'améliorer, peut-être même en obtenant la majorité des deux tiers qui fait peur à l'opposition parce qu'elle lui permettrait de modifier la Constitution. En tout cas, la victoire écrasante de l'ANC ne fait pas de doute, d'autant moins que Nelson Mandela a mené campagne comme si le vote était un