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Libération

GUERRE AU KOSOVO. A la frontière albanaise, chacun fait sa guerre.

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Des uniformes des plus disparates se croisent à Morina.
publié le 2 juin 1999 à 23h18

C'est la guerre, disent les militaires. Et des militaires, à Kukës, il y en a de plus en plus, aux uniformes de plus en plus exotiques, et s'évitant soigneusement en public les uns les autres. Dans cette ville d'Albanie, posée à une quinzaine de kilomètres de la Yougoslavie, ont afflué depuis deux mois 450 000 Kosovars, chassés de chez eux par les armées de Belgrade. Mais, pour la première fois, le Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU a estimé hier que «les problèmes de sécurité» avaient pris le pas sur l'humanitaire. «Maintenant, c'est au tour des bombes de traverser la frontière», commente un douanier albanais. Lui et ses collègues portent à tour de rôle un unique gilet pare-balles, pour passer de l'autre côté de la route, jusqu'à une baraque en béton aux fenêtres murées par des cartons depuis les intenses bombardements de ces deux derniers jours. Dans la pénombre, on y vend de la bière. A nouveau, le douanier répète: «C'est la guerre.» Mais, vu du poste frontière de Morina, chacun semble faire la sienne de son côté.

Villages vidés. D'un coup, hier vers midi, cela tire de partout, simultanément. Au nord, de l'autre côté du lac, sur les collines, là où on entend les tirs de mortiers et les rafales, les combattants de l'UCK, l'Armée de Libération du Kosovo, basée en Albanie, ont pour la première fois fait reculer ces derniers jours une position serbe. Au sud, les avions de l'Otan volant bas par dessus le poste frontière font la navette pour larguer des bom