Le Cap - Pretoria, envoyés spéciaux.
Lorsqu'il a voté hier pour la deuxième fois dans sa vie, comme la plupart des Sud-Africains, Nelson Mandela a parlé d'un «moment merveilleux, même si ce n'est pas aussi intense que la première fois». Le président sortant, qui a été ovationné par ses voisins, en grande majorité blancs, du riche quartier de Houghton, dans le nord de Johannesburg, a ainsi exprimé le sentiment général lors des deuxièmes élections multiraciales en Afrique du Sud, qui se sont déroulées hier sans incident. «Je pars pour une destination inconnue», a confié le chef de l'Etat octogénaire, radieux de se laisser «enlever» par sa nouvelle épouse, Graça Machel, pour un repos obligatoire au terme d'une campagne éprouvante.
La sérénité dans laquelle les Sud-Africains sont retournés aux urnes tranchait avec l'anxiété qui avait prévalu, à la suite d'une série de violences, lors du scrutin «historique», il y a cinq ans. Pour autant, la joie et la fierté étaient à peine moindres dans les interminables files d'attente devant les bureaux de vote, notamment dans les townships. A Soweto, la brume matinale planant encore sur les masures alignées à l'infini, nombre d'électeurs attendaient, dès 5 heures, drapés dans des couvertures à cause du froid. La mobilisation était également forte à Kayelitsha, le grand township noir du Cap. Assis dans l'herbe ou sur des cageots de bière renversés, des électeurs y attendaient l'ouverture des bureaux. En revanche, chez les métis, à Mitchell's Pl