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Libération

«Notre génération est plus réaliste». Les étudiants chinois d'aujourd'hui veulent surtout améliorer leur quotidien.

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publié le 3 juin 1999 à 23h19

Pékin, de notre correspondante.

Le souvenir s'est fané et les convictions ont changé. Dix ans après les événements de Tiananmen, les perspectives des actuels étudiants chinois tranchent radicalement avec celles de leurs aînés. La précédente génération passait des nuits blanches à refaire la Chine et le monde. Avec de grands éclats de rire, sirotant du thé, les étudiants des années 80 faisaient tourner le globe terrestre, lisaient des textes de Sartre, chantaient l'internationale ou fredonnaient les tubes occidentaux de l'époque. C'étaient les années d'un bel idéalisme, mêlé d'une grande naïveté. Après plus de trente années, recluse dans un communisme dur, la Chine intellectuelle découvrait le monde extérieur avec des yeux médusés. L'Amérique était au coeur de tous les rêves et les débats portaient sur les grands concepts tels que démocratie et liberté de la presse ou de s'aimer.

Défoulement. Cette vague allait déboucher au printemps 1989 sur les sept semaines d'occupation de la place Tiananmen, au centre de Pékin, geste ultime de défiance à l'égard du pouvoir, mené alors par le patriarche Deng Xiaoping. La foule, montée des universités, qui progressivement avait rallié les habitants de la capitale et des milliers d'étudiants venus de province, s'était lancée dans une vaste opération de défoulement. Ici, on dansait le rock, pendant que, sur les murs, on affichait des dazibaos et que les plus extrêmes entamaient une grève de la faim. Dans Zhongnanhai, le quartier des hauts dir