Comment travaillent les eurodéputés? Avec quels moyens? Premier
volet d'une série de reportages et d'enquêtes sur le fonctionnement (et les dysfonctionnements) du Parlement européen.
Strasbourg, de notre correspondante.
Ce jour-là, la discussion est houleuse. La Commission de l'environnement, de la santé publique et de la protection des consommateurs du Parlement européen débat des directives «Auto-Oil». Il s'agit, pour réduire la pollution atmosphérique, de fixer de nouvelles normes, imposables à tous les constructeurs automobiles européens. L'eurodéputée britannique Caroline Jackson (PPE, démocrate-chrétien) plaide la cause des industriels. Le ton monte. N'y tenant plus, un fonctionnaire français du Parlement lâche à son adresse: «De toutes façons, nous savons au nom de qui vous parlez. Vous êtes salariée de Peugeot.» L'intéressée ne bronche pas: elle est directrice de la Peugeot Motor Company, à Coventry. Mais le fonctionnaire obtiendra le résultat contraire de l'effet recherché: le président britannique de la Commission, Kenneth Collins (PSE), prend la défense de l'élue, expliquant en substance que ce n'est pas parce qu'elle travaille pour Peugeot qu'elle «a perdu sa liberté de jugement».
Laissez-passer. Caroline Jackson n'est pas la seule à défendre les intérêts de l'automobile. Un élu suédois de la Gauche démocratique, rarement présent en commission, a débarqué un jour pour le vote d'une directive sur les véhicules hors d'usage: il travaillait pour Volvo, ce qu'il a l