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Libération
Portrait

Thabo Mbeki, le dauphin lisse.

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Le futur président est un homme brillant, plutôt apprécié qu'aimé.
publié le 4 juin 1999 à 23h21
(mis à jour le 4 juin 1999 à 23h21)

Quand Thabo Mbeki, à l'époque en charge des relations internationales de l'ANC en exil, a rencontré dans le plus grand secret, le 6 septembre 1989 à Lausanne, une délégation du National Intelligence Service (NIS) sud-africain, la police politique de l'apartheid, il s'est avancé vers les agents de l'ennemi en disant: «Eh bien, nous voilà, les terroristes et, comme vous savez, communistes par-dessus le marché.» Mbeki était alors l'un des sept membres du bureau politique du Parti communiste sud-africain. Mais, à l'heure du dialogue, il a brisé la glace en se découvrant une passion commune avec Mike Louw, le numéro 2 du NIS, pour la poésie de l'Irlandais William Butler Yeats et le whisky ayant mûri douze ans.

Le 2 mai 1990, cinq jours seulement après son retour en Afrique du Sud, Thabo Mbeki a conduit la délégation de l'ANC à la rencontre décisive de Groote Schuur, qui devait jeter les bases d'une fin négociée au régime de l'apartheid. Du même côté de la table que lui, siégeaient alors Archie Gumede, qui représentait le «mouvement démocratique de masse» à l'intérieur de l'Afrique du Sud, et Nelson Mandela, l'ex-prisonnier septuagénaire de Robben Island. Quand son tour de se présenter est venu, le cadet s'est tourné vers ses aînés en s'inclinant: «Je m'appelle Thabo Mbeki. Je porte les valises de mes chefs»" Joueur d'échecs. Il est brillant et cultivé, jamais à court d'un trait d'esprit et, en même temps, respectueux des grandes figures de l'ANC dont son père, Govan Mbeki, fait p