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Libération

Les cachemiris «entre deux diables». Ils fustigent l'armée indienne comme les fondamentalistes islamistes.

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publié le 9 juin 1999 à 23h26

Srinagar, envoyée spéciale.

«Ce n'est pas à l'Inde ou au Pakistan de résoudre le problème du Cachemire, mais aux Cachemiris. Ce qui se passe là-bas à Kargil, c'est une autre histoire, une histoire entre deux superpuissances», commente Firauz, fonctionnaire indien, attablé dans l'un des meilleurs restaurants de Srinagar, le Mughal Darbar. Firauz et trois amis, tous Cachemiris, boivent du thé au samovar en discutant de cette quasi-guerre qui se joue à 100 km de là entre l'armée indienne, les soldats pakistanais et les séparatistes musulmans. On devine une certaine jubilation derrière leurs moustaches à évoquer la déroute de l'armée indienne et l'offensive surprise des militants séparatistes. «Quand mes enfants me posent des questions sur ce qui se passe sur le front, je leur dis que tout va bien, qu'on se bat pour la liberté du Cachemire. Ils se rendorment en oubliant le bruit des avions de l'armée indienne qui décollent.»

Station touristique. Dehors, Srinagar semble loin de cette guerre des sommets. Les sukharas (les gondoles capitonnées) glissent paisiblement sur les eaux vertes du lac Dal. Les touristes indiens se regroupent pour la photo souvenir devant la house-boat (maison flottante) de leurs vacances. Tard, le soir, les vieux Cachemiris discutent sur la jetée en fumant le narguilée. Depuis le repli des séparatistes armés dans les montagnes environnantes, il y a trois ans, Srinagar revit et renoue avec une lente reprise économique paralysée depuis dix ans par la lutte armé