Bruxelles, Strasbourg, de nos correspondants.
C'est l'histoire que tout le monde se raconte au Parlement européen. En juillet 1994, lors de la première session de la législature, les eurodéputés français, toutes tendances confondues, se retrouvent pour une première prise de contact. Un «ancien», Jean-François Hory, élu sur la liste Tapie, distille ses conseils: «Déclarez votre domicile le plus éloigné de Bruxelles, votre résidence secondaire, si vous en avez une, c'est plus avantageux pour le remboursement des frais de voyage.» Les intéressés, qui comprennent qu'ils tiennent là un moyen d'arrondir leurs fins de mois, n'oublient pas ce conseil de connaisseur. Le maire de Blois, Jack Lang (PS), se déclare résident du Vaucluse, et François Bernardini (PS), alors président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, administré d'Ajaccio (Corse du sud). Ils ne sont pas les seuls.
Frais. Tout le monde, familles politiques et nationalités confondues, utilise cette fraude tolérée que sont les remboursements des frais de voyage sur une base forfaitaire. Alors que dans les administrations internationales ou nationales ou les entreprises, il faut présenter son billet d'avion ou de train pour être remboursé, au Parlement, on ne s'encombre pas de telles subtilités comptables. Le rapport spécial de la Cour des comptes des Communautés européennes, publié le 3 août 1998, s'indigne ainsi qu'en 1996, les trajets «domicile-lieux de réunion» des eurodéputés ont «donné lieu à des versements supér