Kigali, envoyé spécial.
C'est une malheureuse histoire de voisinage comme le Rwanda en regorge. Le 20 janvier, dans la commune de Nyarugenge, à la sortie de Kigali, la colère s'est levée lorsque Jean de Dieu est revenu. Les veuves du quartier ont affirmé reconnaître en lui l'un de ces voisins, mués en tueurs, qui avaient massacré leurs maris pendant le génocide de 1994. Jean de Dieu avait pourtant déjà été arrêté sur dénonciation, mais libéré sous conditions faute de preuves. Les veuves n'y ont vu que de la corruption. Avec gourdins et machettes, elles ont cerné la maison pour crier vengeance. Mariette, 15 ans, la soeur de Jean de Dieu, attendait une attaque qui n'est pas venue: «Jour et nuit, les femmes hurlaient, menaçaient. Que pouvions-nous faire? Des représentants des autorités locales les ont accompagnées.» En chuchotant, elle explique comment Jean de Dieu a brusquement disparu, sur le chemin du tribunal, deux semaines après sa libération. «Il ne s'est pas caché. Il n'avait que nous.»
Corruption. De ces disparitions qu'on peine à nommer exécutions, le Rwanda aussi est plein. En général, elles ont un lien avec la mauvaise justice de l'après-génocide qui tourne au règlement de comptes. Ici, un juge est tué après avoir procédé à la libération de 40 accusés sans dossier. Là, des avocats défendant des «génocidaires» sont assassinés. Mais si les Rwandais confondent justice et vengeance, à qui la faute? Pour Josué Kayijaho, vice-président d'Ibuka («souviens-toi»), la princi