L'exode des Serbes quittant la Croatie en longues colonnes de tracteurs ou les banlieues de Sarajevo déterrant leurs morts et mettant le feu à leurs maisons vont-ils se reproduire au Kosovo? Les Serbes du Kosovo vont-ils venir s'ajouter aux 5 00 000 à 700 000 réfugiés des précédents conflits que la Serbie dévastée doit soutenir? La question n'est pas purement spéculative. La presse monténégrine annonçait hier déjà l'arrivée de 80 familles serbes et monténégrines du Kosovo. Mais elle rapportait aussi les appels lancés par plusieurs mouvements et partis à la population de rester au Kosovo.
Au centre de ces tentatives, l'Eglise orthodoxe serbe, dont le patriarcat siège depuis des siècles à Pec, à l'ouest du Kosovo. Pour l'évêque de Prizren, Mgr Artemije, la nation serbe se trouve aujourd'hui devant «l'être ou ne pas être»: elle joue sa survie au Kosovo, a-t-il affirmé mercredi devant des centaines de Serbes rassemblés à Pristina. «Rester, c'est affirmer notre patriotisme à l'égard de nos sanctuaires», a-t-il souligné, en ajoutant que «le départ des Serbes serait un acte historique irréparable». Il avait la veille envoyé des consignes à tous les prêtres, leur demandant de convaincre les fidèles de rester. «Abandonner nos foyers et nos lieux saints en ce moment historique nous rendrait chacun individuellement responsable de la perte du Kosovo, qui ne pourrait plus jamais être libéré», déclarait-il.
L'Eglise orthodoxe a été à la fin des années 80 un puissant moteur de la montée du n