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Libération

«Les farines animales, c'est une vraie mafia». Les éleveurs de poulets belges redoutent d'être anéantis par la crise.

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publié le 11 juin 1999 à 23h28

Bruxellex, envoyé spécial.

Avant d'entrer dans l'énorme poulailler, Luc plonge une seconde fois ses chaussures dans une cuvette d'eau stérile. «Pour l'instant, tout se passe bien», murmure-t-il en observant une série de voyants lumineux. De l'autre côté de la vitre, ses 20000 petits êtres duveteux suivent une courbe de croissance parfaite. Passant leur temps à manger, boire, digérer, fienter, dormir, les poussins de Luc vont bientôt gonfler de plus de 50 g par jour. A une centaine de kilomètres au nord de Bruxelles, en pleine campagne de Flandre, ces poussins semblent prêts à mener une nouvelle guerre économique sous les couleurs de la Belgique. Dans trois semaines, lorsqu'ils auront leurs premières plumes, Luc pourra réduire la température de 5° pour la porter à 27°. Et, lors de la sixième et dernière semaine, ses trois poulaillers, qui comptent 20 000 poulets chacun, s'alourdiront d'une tonne par jour. Alors d'autres voyants s'allumeront, ils auront atteint les 2,3 kg. 40 tonnes de volailles. Entassés par 20 au mètre carré, les bêtes risqueront d'étouffer. Il faudra alors faire vite. Organiser le ramassage de quarante tonnes de volailles. De nuit, pour éviter toute panique. Une demi-douzaine de camions prendront la direction de l'abattoir. Les trois hangars «vidangés» de leurs 60 000 poulets, Luc pourra alors compter ses sous avant de nettoyer et de désinfecter les bâtiments et le matériel. Avant d'entamer un nouveau cycle de six semaines avec de nouveaux poids plume.

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