L'armée russe est dans un piteux état, mais elle a encore quelques
beaux restes. Les pilotes de chasse volent moins de trente heures par an, alors que leurs homologues américains ont un quota de plus de deux cents heures. Sept fois plus! Mais les bureaux d'études de Soukhoï sont capables de mettre au point, dans la plus grande discrétion, l'un des avions les plus modernes du monde: le SU-37 Berkut, un chasseur de 35 tonnes dont les ailes en flèche sont curieusement orientées vers l'avant.
L'armée compte officiellement 1,2 million d'hommes, contre 2 millions au début des années 90. En réalité, ils ne seraient pas plus de 900 000, estime-t-on dans les milieux de la défense. Mais la plupart des forces russes sont dans une situation lamentable: soldats affamés et maltraités, officiers démoralisés, casernements délabrés. Promise par Boris Eltsine lors des élections de 1996, la création d'une armée de métier est en panne, alors que les jeunes russes refusent l'appel sous les drapeaux.
«L'armée est le parent pauvre du système des forces russes. Comme en Serbie, le pouvoir a privilégié les troupes du ministère de l'Intérieur ou les gardes-frontières», explique Arnaud Dubien, chercheur à l'Iris (Institut des relations internationales et stratégiques). «Quelques unités sont opérationnelles, assure-t-il. Comme les divisions aéroportées de Pskov, Toula, Riazan. Ou l'infanterie de marine, la seule qui se soit bien comportée en Tchétchénie.» Ces troupes semi-professionnelles n'aligneraient p