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Libération

Une course de vitesse dans une grande confusion. On ignore qui a ordonné aux troupes russes de faire route sur Belgrade puis vers le Kosovo.

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publié le 12 juin 1999 à 23h29

Moscou, de notre correspondante.

Lassés d'être bafoués, les Russes ont décidé hier de frapper un grand coup. Sans attendre un accord avec l'Otan, ils ont envoyé des troupes à la frontière du Kosovo. Une revanche sur les alliés, qui les avaient carrément oubliés dans le plan de déploiement des forces internationales. L'opération s'est déroulée dans une grande confusion, un art où les Russes excellent. Hier soir, on ne savait toujours pas exactement qui avait donné l'ordre aux troupes russes déployées en Bosnie de faire route sur Belgrade puis vers le Kosovo. Le Premier ministre, Sergueï Stepachine, ne semblait pas vraiment au courant. Il se trouvait en Ingouchie pour rencontrer le président tchétchène. On ignorait aussi quel secteur les Russes allaient occuper. Il s'agirait du «secteur le plus approprié pour nous», a estimé le général Leonid Ivachov, en charge des négociations avec les militaires américains, précisant «la partie nord où se trouvent beaucoup de Serbes qui sympathisent avec les Russes». Hier, Moscou semblait toutefois disposé à s'entendre avec les alliés sur le lieu du déploiement.

Collusion. La dernière question suscitée par cette opération est le degré de concertation avec Belgrade. Lors des négociations de Kumanovo entre militaires alliés et yougoslaves, des analystes russes avaient décelé une certaine collusion. D'après eux, l'attaché militaire russe à Belgrade serait venu aider les Yougoslaves dans leur ultime forcing. Hier soir, la télé privée NTV parlait