Menu
Libération

Brazzaville: massacre dans l'indifférence. Les miliciens du président Sassou font régner la terreur dans la capitale.

Article réservé aux abonnés
publié le 16 juin 1999 à 23h16

A Brazzaville, les miliciens grattent la peinture de leurs véhicules

pour inscrire sur la tôle «Kosovo». A l'ombre de la guerre des Balkans, ils ont tué des milliers de civils. Depuis un premier massacre à grande échelle, qui avait fait fuir environ 200000 habitants des quartiers sud à la veille de Noël, l'ex-capitale de la France libre s'est transformée en un pandémonium. Les quartiers méridionaux, entièrement pillés par les miliciens «Cobras» du président Sassou N'Guesso, restent largement abandonnés, décor sinistre de nombreuses exactions. Les revenants de la brousse, souvent sévèrement sous-alimentés, sont «triés» par des hommes en armes. Des femmes sont violées, nombre de jeunes hommes ont «disparu». Selon un rapport de la Fédération internationale des droits de l'homme (Fidh), qui sera publié la semaine prochaine, le «massacre méthodique des civils non armés» aurait fait, depuis l'été dernier, plus de 5 000 victimes.

«Nid de résistance». «La situation de violence est visiblement entretenue par toutes les parties en conflit», relève la Fidh. Depuis dix mois, pour contrer les attaques des «Ninjas», les partisans supposés de l'ex-Premier ministre Bernard Kolelas, les «Cobras» font régner la terreur à Brazzaville et dans le Pool, la province au sud de la capitale, fief de l'ethnie Lari. C'est là qu'environ 130000 habitants des quartiers méridionaux de Brazzaville s'étaient réfugiés en décembre dernier. Depuis, ce «nid de résistance» a été partiellement reconquis par l'armé