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Libération

Le gendarme Nivel face aux hooligans. Son épouse a fait un vibrant témoignage, hier, lors du procès à Essen.

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publié le 16 juin 1999 à 23h16

Bonn, correspondance.

Son regard est perdu derrière de grosses lunettes. En face, ses agresseurs le regardent mais il ne les voit pas. Daniel Nivel a fait une apparition aussi symbolique que remarquée hier devant le tribunal d'Essen qui juge quatre des hooligans accusés de l'avoir agressé le 21 juin dernier à Lens. Prostré à côté de ses avocats, incapable de s'exprimer, le gendarme français a en quelque sorte déposé par l'intermédiaire de sa femme. Droite et digne à la barre, vêtue d'un tailleur blanc, Laurette Nivel a parlé pendant une vingtaine de minutes, la voix assurée, aux juges chargés de décider du sort des prévenus qui risquent jusqu'à quinze ans de prison. Son témoignage n'était pas requis par la cour, mais a été jugé utile par l'accusation, irritée de voir le procès s'enliser dans des batailles procédurières et se poursuivre avec «trop de décontraction».

Accompagnée de son mari et de son fils aîné, Nicolas, 21 ans, Laurette Nivel est donc venue à Essen pour raconter l'horreur d'une belle journée d'été transformée en cauchemar. «Lorsque j'ai retrouvé mon mari, ce soir-là, les médecins m'ont dit qu'il n'y avait plus d'espoir. Pendant des jours, j'ai vécu dans l'angoisse. Aujourd'hui, sa vie a complètement changé. Son métier, qu'il aimait tant, il ne peut plus le faire. Il était actif avec ses enfants, et aujourd'hui, il ne peut plus assumer les responsabilités d'un père de famille. Lui qui aimait le bricolage, il ne sait plus à quoi servent les outils. On lui a pris l