Pristina, envoyé spécial.
Dans la cage d'escalier, les jeunes de la cité de Sunny Hill se rassemblent. L'air sombre. Et des conversations suinte la haine. Sur le trottoir, deux traces sombres. Le sang de leurs camarades, Yran Hajeti et Benet Bajramaj, abattus de sang-froid, hier soir, alors que les troupes yougoslaves évacuaient la ville. «Un truc dingue, explique Titi, copain des victimes, ces gars étaient restés enfermés dans leurs appartements pendant toute la durée des bombardements. C'était la première fois qu'ils sortaient depuis trois mois. Pour sentir enfin la liberté. Yran venait tout juste de fêter son vingtième anniversaire.» Assis devant leur immeuble, les deux compères devisent tranquillement quand ils voient courir vers eux une volée d'amis albanais talonnés par une petite bande d'adolescents serbes. Ils se lèvent, s'interposent. L'un des poursuivants sort un pistolet, ouvre le feu. Quatre garçons s'écroulent, blessés ou tués.
Tensions exacerbées. «Les gens sont en colère, constate Sokol Hadari, si les jeunes avaient eu des armes, ils auraient lynché quelqu'un.» Vieux résident du quartier, ce journaliste de 46 ans, au chômage depuis la fermeture de la télévision albanaise par les autorités yougoslaves il y a neuf ans, tente de calmer les jeunes. Les Serbes vivant à Sunny Hill «se sont montrés plutôt corrects, reconnaît Titi, j'ai pu rester à Pristina parce qu'un voisin, officier de police, avait personnellement garanti ma sécurité. Et il a tenu promesse. Mais, ap