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Libération

Le SPD se déchire après la débâcle des européennes. Traditionnalistes et modernisateurs s'affrontent.

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publié le 17 juin 1999 à 23h15

Bonn, de notre correspondante.

«Un dérapage fatal», «une fiction qui n'a rien à voir avec les réalités»: le «papier Blair-Schröder», publié quel-ques jours avant les élections européennes, n'en finit pas de faire des vagues dans les rangs du Parti social-démocrate allemand. Brûlot contre l'omniprésence de l'Etat, et éloge de la libre entreprise, ce papier n'a pas empêché le SPD (comme le Labour d'ailleurs) de subir une terrible débâcle dimanche (30,7% des suffrages seulement et 18 points de retard sur l'opposition chrétienne-démocrate). Surtout, il a déclenché un furieux débat dans les rangs du parti, qui s'estime brusqué par Gerhard Schröder, son nouveau président élu en avril pour succéder à Oskar Lafontaine. Le conflit entre la «gauche traditionaliste» du SPD, largement dominante au groupe parlementaire, et les «modernisateurs», longtemps canalisé par le duo Lafontaine-Schröder, éclate au grand jour.

«Merci Schröder, tu as au moins ouvert le débat», ironise Michael Müller, vice-président du groupe parlementaire et représentant de la «gauche» du SPD, promettant que ce texte ne restera pas sans réponse. Sur le fond, ce député doit faire des efforts manifestes pour retenir les injures que la prose Schröder-Blair lui inspire: «Un peu mince» ce papier, maugrée-t-il, «je doute que les réflexions valables pour le Labour, qui a longtemps été aux mains des trotskistes et qui n'a pas fait le travail de réforme que nous avons accompli dans les années 60 et 70, puissent être transposée