Genève, de notre correspondant.
Le 16 mars 1988, des mirages et des Mig irakiens larguent des bombes chimiques et biologiques sur la ville de Halabja, à l'extrémité sud du Kurdistan irakien. Cette cité de 80 000 habitants qui jouxte la frontière iranienne vient de tomber aux mains des maquisards de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK). Bilan immédiat du gazage: 5 000 hommes, femmes et enfants sont aussitôt tués par le cocktail d'armes chimiques et biologiques et 250 000 civils directement contaminés. En dépit de la violation manifeste de la convention de Genève de 1925 sur l'interdiction des gaz de combat, et du crime contre l'humanité qui a été commis, jamais Saddam Hussein ni les dizaines de sociétés occidentales qui l'ont aidé à produire ce cocktail de gaz mortels gaz moutarde, sarin, tabun, VX... n'ont été poursuivis à ce jour.
Mutation génétique. Depuis, onze années ont passé. Pour la première fois, un médecin occidental est parvenu en 1998 à se rendre à Halabja pour évaluer les conséquences à long terme de la plus grande attaque jamais perpétrée avec de telles armes sur une population civile. Christine Gosden, spécialiste en malformations génétiques, a livré les premières conclusions de son étude à la commission des droits de l'homme de l'ONU à Genève, après avoir témoigné devant le Sénat américain. «Les gaz font l'effet d'une bombe à retardement qui aujourd'hui commence à exploser», dit-elle. «Cancers de la peau particulièrement agressifs qui entraînent souvent un