Le 3 juin, l'Armée du Liban-Sud (ALS) a évacué la ville de Jezzine.
Ce départ met fin à la présence, depuis quatorze ans, des unités libanaises supplétives de l'armée israélienne dans cette ville. Ehud Barak, nouveau Premier ministre d'Israël, s'est engagé à évacuer en un an toute la «zone de sécurité» que l'Etat hébreu occupe au sud du Liban.
Jezzine, envoyé spécial.
Fusil à l'épaule, une dizaine de gendarmes paradent à l'entrée de la ville. Ils s'efforcent de garder une contenance devant une population qui les a connus moins fiers-à-bras. Dans la foule, «Sélim» ne peut s'empêcher de les regarder avec une lueur d'ironie. La veille encore, lui et ses compagnons assuraient l'ordre et inspiraient crainte et respect. La maréchaussée, naguère présente mais réduite à sa plus simple expression, faisait tapisserie et n'osait pas sortir dans la rue armée d'un pistolet. L'ancien milicien échange un sourire narquois avec d'autres badauds au crâne rasé tout comme lui. Il a troqué son uniforme pour un jean et un tee-shirt blanc plus discrets, qui moulent son corps bedonnant. Après dix ans de combats aux côtés d'Israël, le voilà brutalement rendu à la vie civile, privé de ses signes de puissance.
Les mains dans les poches, il semble à la fois soulagé et inquiet. La libération de Jezzine, effective depuis l'aube, signe la défaite de son camp et suscite aussi l'espoir d'une vie meilleure. Lorsque son chef, le général Antoine Lahad, a donné le signal de la retraite, «Sélim» a préféré rester su